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"L’hérésie de la Coupe d’Europe", "la douleur de la famille Narjissi"… De passage en Lot-et-Garonne, Florian Grill se livre.
Invité par le Stade Saint-Livradais et l’ARC (Amicale Rugby Club), le président de la Fédération française de Rugby, Florian Grill a bien voulu répondre aux questions de la centaine de dirigeants sur l’état actuel du rugby français.
À propos des clubs et leur manière d’exister
« Ce que j’essaie de dire aux clubs, c’est d’arrêter la course à l’échalote. Passer de Régionale 2 à Régionale 1, on s’en fout. La vraie vocation d’un club, ce n’est pas que transformer des essais, mais plutôt de transformer des personnes. On se trompe si la seule vocation d’un club, c’est de gravir les échelons. C’est surtout de créer du lien social entre toutes les générations. On a un rôle sociétal où la formation et l’éducation doivent tenir une grande place. »
À propos de la violence
« Les marques de violence sont en croissance sur les terrains de rugby comme dans notre société. Le rugby peut aider à freiner, voire à éradiquer ce fléau. Ainsi, on a lancé un plan anti-violence. Tout d’abord, on demandera à nos arbitres d’évaluer, le banc de touche et la tribune, car les joueurs ont tendance à reproduire les excitations du banc et de la tribune. De plus, on envisage de demander aux gendarmes d’aller sur des endroits où cela dérape trop souvent. Ainsi, on valorisera les clubs qui ont des comportements exemplaires et, à l’inverse, agir sur des clubs qui posent problème. »
À propos de la santé des pratiquants
« Le plus important, c’est la santé des joueurs que l’on voudrait préserver. Pour cela, la FFR a l’intention de faire évoluer les choses en modifiant la règle sur le plaquage, d’en abaisser la ligne en commençant dès l’école de rugby ou des premières confrontations, en faisant respecter strictement la règle par les arbitres. Au-delà du plaquage, il faudrait revoir la compétition enfants en créant des catégories de poids chez les jeunes, et non des catégories d’âge quand cela est possible. »
À propos de la santé pour les joueurs de l’élite
« Beaucoup trop de matchs qui engendrent trop de blessés avec des joueurs finissant la saison sur les rotules. Il serait bon de mettre en place une planification annuelle et personnalisée du joueur. La Coupe d’Europe avec les clubs sud-africains est une hérésie, une hérésie historique, une hérésie géographique, une hérésie écologique… C’est ajouter de la fatigue à la fatigue. »
À propos des projets à venir
« Outre un redressement financier à prioriser, on doit relancer le rugby dans nos campagnes. Une augmentation des licenciés est impérative. On a 2 000 clubs (13 000 pour le foot) et 360 000 licenciés. Plus de licences entraîneraient plus de clubs et donc plus d’équipes. On a trop rassemblé les clubs et ainsi on a éloigné les jeunes du lieu de pratique. »
À propos d’un bilan annuel mitigé
« C’était une année particulière avec des hauts et des bas. Des très hauts avec cette formidable aventure olympique, la tournée d’automne incroyable avec des images qui ont fait le tour du monde grâce à la scénographie lumineuse imaginée par nos équipes, les trois victoires de nos Bleus, les U 20 masculin et féminin qui performent. Mais rien ne peut faire oublier la disparition de Medhi et la douleur de sa famille. Sur un tout autre registre, les événements argentins se sont bien soldés, mais ils ont quand même beaucoup secoué le rugby français. »
article la dépêche et le petit bleu